En quoi le rapport du regardeur à une oeuvre, celui de l'artiste à sa production, serait-il si différent de l'amitié ou l'amour d'une personne pour une autre ? Sa signifiance dans les deux cas ne peut qu'être le fruit d'une sédimentation, d'une construction dans le temps autour des aspirations et des idiosyncrasies de chacun. Aujourd'hui, le rapport aux oeuvres d'art semble plus que jamais se dérouler selon deux axes temporels souvent plus parallèles que convergents. Il y a d'une part un rythme frénétique de l'apparition des choses, qui entraîne les protagonistes plus à la simple réactivité hâtive qu'à l'exploration progressive, d'où le nombre grandissant d'objets et d'amateurs nouveaux, et d'occasions qui les rassemblent avec des desseins divers : foires, galeries, ventes, biennales, événements off, nuits blanches ou bleues. Et d'autre part, l'épaisseur temporelle obligée de l'avènement artistique. Il est pourtant nécessaire que dans la rencontre du…