La sculpture peut-elle déjouer le leurre de la monumentalité tout en la pratiquant ? Surtout dans une exposition qui prend, comme à la Serpentine Gallery à Londres, un thème quelque peu régressif et académique, celui du portrait ? Telle est la contradiction qui anime l'oeuvre de Thomas Schütte, né dans les années 1950, ancien élève de Joseph Beuys, d'une génération allemande marquée par le mur, cette frontière infranchissable au sein d'un même pays. Une frontière monumentale en elle-même. En effet, la sculpture de Schütte, toujours imposante et frisant le grotesque, suscite un moment de réflexion sous forme d'épochè, à savoir de parenthèse artificielle dans le flux du jugement contemporain. Elle n'est toutefois pas dans le passé même si, à vrai dire, elle édifie une…