Deux hommes bricolent silencieusement, presque religieusement. Nul échange, nulle voix, sauf celle du muezzin. Le plus jeune à l'arrière-plan, au visage de poupon barbu, raccommode des jaquettes d'uniforme. Entre deux gorgées de thé, le plus âgé fabrique méthodiquement, mais aussi machinalement, parfois même à l'aveugle, sans électricité, une bombe artisanale. Deux gestes d'une redoutable banalité, comme la notion même de conflit au Proche-Orient. Nature Morte est l'un des films les plus saisissants d'Akram Zaatari, à l'honneur dans un dispositif très cinématographique au Magasin de Grenoble. Il faut bien trois bonnes heures pour visionner les oeuvres abordant les problématiques chères à l'artiste libanais, la question de la production et de la circulation des images en temps de guerre, la mémoire et son corollaire l'écriture de l'histoire.
Deux films gigognes, présentés dans des espaces en quasi vis-à-vis, renvoient en écho et en négatif au processus de la mémoire, entre…