Quand, chez Christie’s à New York, en 1995, l’Argentin Eduardo Costantini acquiert la peinture Abaporu de l’artiste brésilienne Tarsila do Amaral pour 2,5 millions de dollars, il sait que ce symbole du modernisme échappe aux musées du géant brésilien voisin. Sa place est désormais au Museo de Arte Latinoamericano (Malba) de Buenos Aires. « Cela nous est resté en travers de la gorge », raconte l’avocat spécialiste du droit d’auteur Gustavo Martins de Almeida. Le titre de cette toile peinte en 1928 signifie « l’homme qui mange des hommes » en langue tupi et a donné naissance au mouvement anthropophage selon lequel le Brésil intègre et déglutit les cultures étrangères. Ironie de l’histoire, Abaporu a été « avalée » par un pays étranger, principalement pour une raison fiscale.
Au Brésil, les collectionneurs doivent débourser jusqu’à 42 % d’impôts, même pour l’importation d’une œuvre…