Vous êtes extrêmement discrets, ce qui est rare pour des Américains…
Mitchell Rales_ En 1984, j’ai eu une mauvaise expérience, Forbes Magazine a voulu faire un portrait de mon frère et moi qui venions de créer notre société [Danaher Corporation, ndlr]. Ils ont titré « Des raiders [financiers sans vergogne, ndlr] en culottes courtes ». Je me suis juré de ne plus jamais accorder d’entretien
et de faire les choses dans mon coin.
Emily Rales_ Avant de faire des annonces à tout-va, nous voulions faire nos preuves avec des expositions, publier des catalogues. Nous avons bâti une réputation tranquillement, au plus haut niveau. Lorsque nous aimons un artiste, nous y sommes vraiment dédiés. Nous avons acheté en profondeur des œuvres de Roni Horn, Rosemarie Trockel ou Louise Bourgeois par exemple. Nous ne sommes pas du genre à faire des achats impulsifs sur les foires juste parce qu’une chose nous plaît. On s’est imposé une règle : acheter une œuvre seulement si l'artiste a au moins quinze ans de carrière derrière lui.
Pour éviter le risque ?
M. R._ Ce n’est pas la question, nous voulons acheter des œuvres de la plus haute…