C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
A l’automne dernier, le gouvernement annonçait sa décision d’augmenter la CSG, une cotisation sociale obligatoire. Aussitôt, plusieurs organisations montent au créneau. Dans une pétition, elles dénoncent un « appauvrissement des auteurs et artistes » : la réforme des cotisations sociales occasionnerait pour ces acteurs une « perte de pouvoir d’achat ». Pour résorber cette inhabituelle vague de contestation dans un milieu qu’on entend peu sur ces questions, un compromis sera proposé. Le débat existe depuis la loi de 1957 sur la propriété intellectuelle et artistique (qui protège notamment les plasticiens lors de la présentation au public de leurs œuvres), réactivé récemment par un projet de loi lancé par Aurélie Filippetti sous la mandature de François Hollande. Mais si les langues se sont déliées, une colère sourde secoue à bas bruit le monde des arts visuels.
En octobre 2016, le Frac Alsace sollicitait vingt-trois artistes pour participer à l’exposition collective « Panache ». Aucune ligne budgétaire n’est prévue pour les payer. Six d’entre eux, dont Pierre Beloüin qui est à l’origine de l’initiative, se mettent alors d’accord pour demander par courrier 300 euros brut au titre du droit de présentation publique de leurs œuvres. Sans succès. Au printemps 2017, rebelote : en Alsace, un autre événement soulève des réactions. Soutenu par la Région, le réseau Versant Est, qui fédère des acteurs des arts visuels, souhaite monter une exposition représentative de la création contemporaine. « Il y avait un budget de 300 euros pour “l’artistique”. Compte tenu des choix opérés, cela conduisait à proposer 10 euros par artiste. Vingt-huit sur trente se sont fendus d’un courrier. L’exposition approchant, la Région a accepté de relever les rémunérations à 75 euros par artiste et s’est engagée depuis à faire évoluer ses dispositifs de soutien », raconte Grégory Jérôme, conseiller spécialisé dans l’accompagnement juridique des artistes et responsable de…