Les antiquités asiatiques ont fait exploser les compteurs le 15 mars, chez Christie’s à New York. En seulement 31 lots, la collection du musée Fujita à Osaka, au Japon, a totalisé 263 millions de dollars (245 millions d’euros), un montant bien plus élevé que les dernières ventes du soir d’art contemporain à Londres, début mars. La somme recueillie avec cette seule vente du soir surpasse toutes les sessions de ventes d’art asiatiques organisées jusqu’à ce jour. À titre de comparaison, la collection Robert Hatfield Ellsworth avait cumulé 134 millions de dollars avec plus de mille lots en mars 2015 à New York chez Christie’s, soit 161 millions de dollars pour la semaine asiatique de cette maison de ventes, dernier record en date. Hier, un vase en bronze archaïque chinois a atteint 37,2 millions de dollars (34,6 millions d’euros), bien loin des estimations de 6 à 8 millions de dollars, nouveau record pour un bronze archaïque, dépassant l’achat du musée du Hunan, objet d’une transaction privée. Il faisait partie de quatre pièces archaïques en bronze, trois vases et un rare bélier sculpté, « des chefs-d’œuvre par leur taille et leur facture exceptionnelle, qui ont séduit des collectionneurs de trophées qui s’intéressent à d’autres spécialités », confie Géraldine Lenain, directrice internationale pour les Arts d’Asie chez Christie’s. Issu de la même collection, un rouleau chinois impérial a lui aussi pulvérisé les estimations de 1,2 à 1,8 million de dollars pour finir à 49 millions de dollars (45,6 millions d’euros), un prix dû, selon Géraldine Lenain, à « son iconographie, la provenance, et les multiples sceaux impériaux qui ont excité l’intérêt des amateurs de peintures ». Avec 94 % de lots vendus, la collection Fujita a été plébiscitée par les collectionneurs, une provenance prestigieuse qui a compté dans ces résultats spectaculaires. Cet ensemble avait été bâti autour de 1900 par l’industriel japonais Fujita, puis transformée en 1954 par ses enfants en un musée privé à Osaka. « Il avait acquis les pièces auprès de Yamanaka, l’un des meilleurs marchands au monde avec C.T. Loo », précise Géraldine Lenain. Une première dispersion d’environ 2 000 pièces avait eu lieu pendant la crise en 1929. Pour faire vivre le musée et assurer sa pérennité, ses héritiers se sont donc délestés ici d’une fraction de l’immense collection dont subsistent encore près de 5 000 pièces. Autre record de cette session de ventes de Christie’s, hors collection Fujita, une sculpture en pierre noire de Lokanatha Avalokiteshvara a établi, à 24 millions de dollars, un nouveau prix pour une pièce d’Asie du Sud-Est, autre signe « d’un marché très solide et confiant ».