Coup de théâtre dans l’affaire Wildenstein. Hier jeudi, le tribunal correctionnel de Paris a prononcé la relaxe générale pour la famille de marchands d’art, accusée de « fraude fiscale et de blanchiment en bande organisée ». Leurs conseillers sont également relaxés, deux avocats, un notaire et deux gestionnaires de « trusts », des sociétés fiduciaires anglo-saxonnes. Même s’il a pointé la « claire intention » de dissimulation des Wildenstein, le tribunal a justifié sa décision par les lacunes de l’enquête et les déficiences législatives en matière de fraude fiscale. Il s’est en particulier « étonné » que le législateur français ait attendu 2011 pour clarifier la fiscalité des « trusts », alors que la justice s’interroge depuis plus d’un siècle sur ces montages financiers de droit anglo-saxon. Les faits reprochés aux Wildenstein remontent à 2001 et 2008, soit avant cette loi. Le tribunal a aussi reproché aux enquêteurs de n’avoir pas suffisamment fouillé du côté des paradis fiscaux pour montrer que les Wildenstein s’étaient séparés seulement sur le papier de leur fortune, estimée à plusieurs milliards d’euros (surtout en biens immobiliers et tableaux) alors qu’ils en avaient toujours gardé la jouissance et le contrôle. C’est un désaveu pour le parquet national financier, qui avait prononcé des réquisitions lourdes, en particulier contre Guy Wildenstein : quatre ans de prison avec sursis et 250 millions d’euros d’amendes. La procureure Monica d’Onofrio avait requis aussi contre son neveu Alec « junior » six mois de prison avec sursis. Pour sa belle-mère, Liouba Stoupakova, dernière épouse d’Alec « senior », soupçonnée d’avoir signé de faux documents au moment de la succession de son défunt mari, un an de prison avec sursis. L’accusation avait épinglé la « fraude fiscale la plus sophistiquée et la plus longue » de l’histoire de la Ve République.