Peintre expressionniste dépeignant de sa plume acérée la cruauté des conditions sociales et politiques des années 1920, Otto Dix ne limita toutefois pas son inspiration aux désordres de l’actualité. La référence aux maîtres anciens est permanente, autant dans les motifs que dans la technique. Plus spécifiquement, l’impact de la férocité que déploie Grünewald dans son retable d’Issenheim est évidente, comme le montre magistralement l’exposition du musée Unterlinden à Colmar et le riche catalogue qui l’accompagne. Si plusieurs manifestations et publications ont, par le passé, étudié ce rapport entre le tenant de la Nouvelle Objectivité et les sources de la Renaissance germanique – qu’il valorisa dans une période où seul l’art français prévalait –, jamais la production de l’artiste n’avait été confrontée avec le retable d’Issenheim lui-même. « Se référer au retable d’Issenheim n’est pas…
Otto Dix, le Grünewald moderne à Colmar
Trop souvent limité à la violence présente dans ses œuvres de la Nouvelle Objectivité, Otto Dix fait enfin l’objet d’une exposition à sa hauteur au musée Unterlinden à Colmar. En étudiant l’articulation de son œuvre avec le retable d’Issenheim par Grünewald, que conserve l’institution, le parcours démontre non seulement la dette du peintre envers l’art ancien germanique mais dévoile aussi un pan complètement méconnu de son œuvre, ses paysages néoclassiques des années 1940.