Ne pas confondre « Color Line » et « Color Field ». Cette ligne de couleur, pointée en 1881 par l’ancien esclave devenu militant abolitionniste Frederick Douglass, n’est pas d’ordre esthétique. Jusqu’à la promulgation du Civil Rights Act en 1964, elle qualifie la frontière invisible qui sépare les Noirs et les Blancs en Amérique. C’est l’histoire de cette discrimination que chroniquent les artistes africains américains exposés dans la remarquable exposition « Color Line » organisée par Daniel Soutif au musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris.
Malgré l’abolition de l’esclavage et la promulgation d’un premier Civil Rights Act en 1866, la ségrégation a longtemps prospéré aux États-Unis. De nombreux États instaurent dès 1887 des mesures raciales niant les droits civiques aux anciens esclaves noirs. Le racisme s’exprime jusque dans les salles obscures, avec The Birth of a Nation de D.W. Griffith, qui érige les membres du Ku Klux Klan en héros. Sur les planches, les spectacles Blackface moquent les Noirs traités de coons (ratons laveurs). Les Africains Américains ne font pas seulement l’objet de quolibets. Ils sont…