« On y va par obligation professionnelle ». Tel est le leitmotiv de certains collectionneurs croisés sur la foire londonienne Frieze, comme pris en faute. Fautifs de succomber à la mode. Penauds de jouer le jeu du grand barnum de l’art contemporain. « Ce qu’on aime, c’est Frieze Masters », ajoutent-ils illico, comme pour se rattraper. Tel est le paradoxe de ce marché à plusieurs vitesses : d’un côté, les amateurs vont pour se faire voir, socialiser comme on dit, et humer l’air du temps. Et ils achètent. De l’autre, ils se régalent du mélange d’œuvres anciennes et modernes, se pâment devant des curiosités. Mais achètent peu.
Malgré les inquiétudes post-Brexit, les habitudes ne changent pas. Tout ce que l’art actuel compte de usual suspects déambulait hier dans les travées de Frieze, des stakhanovistes de Miami Don et Mera Rubell aux Londoniens Zabludowicz en passant par David Roberts et son curateur Vincent Honoré. La différence tient peut-être au soin plus important accordé aux stands et, de la part des galeristes, à une amabilité…