Roxana Azimi_Le Centre Pompidou fête ses quarante ans. La vieille dame n’a-t-elle pas perdu la fraîcheur et les ambitions initiales ?
Serge Lasvignes_Non, mais c’est toujours un risque qu’il faut prendre en compte. Je suis ici depuis un peu plus d’un an. Si on regarde le public, la façon dont les expositions sont perçues, je n’ai pas du tout l’impression que Beaubourg soit « ringard ». J’ai demandé à un ensemble de personnalités de travailler avec moi pendant un an sur ce que représente aujourd’hui la modernité du Centre Pompidou. À partir de leurs réponses, je vais affiner un certain nombre d’orientations. Il faut prendre garde à ne pas devenir ancien en ayant une conception nostalgique de la modernité. Cela signifie que dans les mois à venir j’insisterai sur la façon de procéder à une forme de « reset » pour qu’il soit d’une « modernité contemporaine ».
Philippe Régnier_Ce sera une révolution ?
Il faut que le Centre Pompidou soit toujours un lieu d’échange, d’interactivité, qu’on n’y vienne pas seulement pour consommer une exposition – un modèle qui d’ailleurs s’essouffle – mais davantage un lieu où s’exprime une communauté d’intérêt et de passion. Pour cela, il faut sans doute faire évoluer le modèle de l’exposition, d’où un certain nombre de projets comme « Mutations/Créations », c’est-à-dire une action commune entre le musée, le Centre de création industrielle et l’Ircam. Je veux que ces composantes travaillent ensemble. Cela doit donner lieu à un nouveau type de manifestation qui englobera science, technologie et création. Ce sera une proposition annuelle, avec un thème donné, le premier étant pour 2017 la saisie numérique de l’espace, des formes et des sons. Cela donnera lieu à des échanges scientifiques et artistiques à partir d’une plateforme numérique qu’on créera avant l’exposition elle-même. Il y aura aussi des débats, des conférences, l’installation d’une FabLab où les gens pourront faire travailler des machines d’impression. Tout cela avec le soutien pendant plusieurs années de la Commission européenne qui semble avoir été séduite par ces relations entre les arts et les sciences.
Le projet d’une école participe-t-il aussi de cette volonté non seulement d’exposition mais aussi de transmission ?
Totalement. C’est un modèle original qui repose sur deux piliers : une présence sur Internet, et des rendez-vous qui se passent dans le Centre. On ne touche…