« La dissociation des arts plastiques, peinture, architecture et sculpture est un fait déplorable », clamait le texte fondateur du groupe Espace écrit par André Bloc, éditeur et ingénieur, et Félix Del Marle, peintre théoricien. Dans cette logique de synthèse des arts, les catégories de peintre, sculpteur ou architecte tombent en désuétude, au profit du terme « plasticien » qui naît à cette occasion. « Qu’est-ce qu’être artiste ? » est l’interrogation qui sous-tend le mouvement. « En s’interrogeant sur la manière d’être au plus près de ce dont les gens ont besoin, d’être au plus près de son temps, Fernand Léger affirme la dimension sociale de l’art. Nous sommes dans le contexte de la reconstruction de la France, la place et l’utilité de l’art dans les campagnes d’édification sont centrales. Le groupe Espace est contre la vision techniciste de l’architecture qui est en train de s’imposer », explique Diana Gay, commissaire de l’exposition. Néoplasticiens, ils revendiquent « la présence…
Biot 1954 : l’Utopie à la périphérie
C’est une exposition sous forme d’alerte que nous propose le musée national Fernand Léger, à Biot, à quelques encablures de Nice. Quelle est la place de l’art dans une société en ruine ? Si le titre de l’exposition, « L’été 1954 à Biot », ne nous ramenait pas à l’après-guerre, nous serions tentés de transposer la réflexion à aujourd’hui. Dans le contexte de la reconstruction, le groupe Espace, lancé en 1951 par un manifeste véhément, pense un cadre de vie nouveau par le truchement d’un art total. L’exposition en plein air à l’été 1954 cristallise ces réflexions en vue d’un nouveau modernisme pour les 50 années à venir.