Les professionnels du marché de l’art viennent d’adresser une lettre ouverte à la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, pour protester contre son projet de loi visant à interdire tout commerce d’ivoire en France. La missive est signée des présidents des différentes représentations, le Symev (syndicat des maisons de ventes), le SNA (Syndicat national des antiquaires), la SFEP (Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art), la CNE (Compagnie nationale des experts) et le SNCAO-GA (syndicat national du commerce de l’antiquité, de l’occasion et des galeries d’art). « Le commerce étant déjà limité, par la loi, aux objets et spécimens travaillés datant d’avant 1947, nous en concluons que le décret envisagé vise à étendre cette interdiction aux objets réalisés antérieurement à cette date », s’inquiètent les professionnels, qui pointent la « grande perplexité et la vive inquiétude » tant des collectionneurs que des acteurs du marché. Selon le courrier, ce décret serait « un très mauvais coup au marché français de l’art » sans pour autant améliorer le sort des éléphants actuels. De nombreux domaines sont concernés, des arts de l’Islam aux ivoires de la Renaissance en passant par les arts premiers. Ce projet de décret s’inspirerait de la législation américaine prohibant l’entrée sur son sol de toutes pièces ou morceau d’ivoire. Selon les auteurs de la lettre, également adressée au ministère de la Culture, les États-Unis vont trop loin en la matière, saisissant ou détruisant parfois de façon arbitraire des objets mêmes anciens, au point que les musées français, inquiets, ne prêtent plus à leurs homologues américains. Les représentants du marché réclament un dialogue avec les pouvoirs publics afin de définir les contours de dérogations. À suivre.