Ironie du sort : les formes abstraites de l’art moderne, se voulant indépendantes du réel, ont fini par conquérir les codes de la signalétique urbaine, de la communication d’entreprise, du design d’emballage ou des couvertures d’albums de musique – nous avons appris à les lire, les intégrant désormais dans une chaîne de significations. Par un effet de retournement, c’est maintenant le réel lui-même qui fournit les formes « abstraites » que s’approprie l’art. C’était l’argument principal d’une exposition marquante organisée par Vincent Pécoil en 2004 (au FRAC Franche-Comté/Musée de Dole) : « La lettre volée », dont le titre renvoie à une nouvelle d’Edgar Allan Poe, qui a pour trame la recherche infructueuse d’un objet pourtant en évidence. Les peintures de Camila Oliveira Fairclough ont cette qualité d’évocation de formes abstraites « trouvées », déjà vues, devenues figures familières. Qu’elle utilise la flèche curseur de la souris d’ordinateur,…
Camila Oliveira Fairclough : Devenir étranger
La peinture de Camila Oliveira Fairclough, qui a participé au Salon de Montrouge en 2013, emprunte ses formes dans la culture visuelle environnante, traduisant le réel dans une langue familière mais inconnue, et transformant les mots en images. Son « abstraction trouvée » dégonfle le récit héroïque de l’art moderne en créant une place pour le mineur, l’échelle quotidienne et l’irrégularité de la main. Elle expose actuellement à la galerie Emmanuel Hervé à Paris avant une présentation au Plateau - FRAC Île de France.