En préambule de la session de ventes d’art contemporain de juin, la maison Christie’s dispersera le 31 mai la collection du Suisse Jean-Paul Jungo. Réunissant près de 190 lots estimés pour un montant global d’un million d’euros, cet ensemble a été constitué à partir des années 1970 par ce passionné de cinéma, de littérature et d’art. Parmi ses premières acquisitions figurent une huile de Chaissac et un dessin de Markus Raetz. « Quand les œuvres sont connues, publiques, l’intérêt à les posséder s’amoindrit. Ce que j’aime avant tout, c’est découvrir », a déclaré le collectionneur. Pour les spécialistes de la vente, Paul Nyzam et Anne Lamunière, domine un goût pour « les artistes ayant établi leur pratique dans les marges : Copley, Chaissac, Boix-Vives. Un goût pour les univers empreints d’érotisme et une attirance vers les œuvres donnant à voir une sexualité fantasmatique : celles de Pierre Klossowski bien sûr, mais aussi de Günter Brus, Noritoshi Hirakawa, Josef-Felix Müller ou Jean-Luc Blanc ». Avec certains créateurs, Jean-Paul Jungo va nouer des liens d’amitié, tels Camille Bryen, Max Schoendorff, Markus Raetz ou Denis Laget. Celle avec Luc Tuymans, donnera lieu à la publication en 2006 d’un ouvrage relatant leur conversation, Doué pour la peinture. La vacation comprendra de cet artiste Embroidery réalisée par l’artiste en 1993 (est. 200 000 à 300 000 euros). Parmi les dessins de Pierre Klossowski, Le Baphomet au moment voulu, exécuté en 1972, est estimé 30 000 à 40 000 euros. Jean-Paul Jungo aime aussi le travail de son compatriote Markus Raetz. Paar, sculpture en daim, colle d’amidon et pigment phosphorescent, a été montrée lors de deux expositions consacrées à l’artiste à Bâle en 2012 et Vevey en 2014. Elle est évaluée de 50 000 à 70 000 euros. Nombre d’œuvres dans la vente portent des estimations inférieures à 5 000 euros, et les lots en dessous de 10 000 euros n’auront pas de prix de réserve, confie Christie’s. La collection de Jean-Paul Jungo avait été exposée au musée cantonal des beaux-arts de Lausanne en 2000 sous le commissariat artistique de Rémy Zaugg.