Roxana Azimi_Ressent-on l’empreinte de Claude Parent dans les projets présentés par Jean Nouvel ?
Donatien Grau_Je crois qu’il y a trois sortes de réponses à cette question. Tout d’abord, dans le cas du projet pour le Centre national d’art et de culture [qui deviendra le Centre Pompidou], présenté par Jean Nouvel alors qu’il travaillait dans l’agence de Claude Parent, on retrouve un certain nombre d’éléments qui font partie de la méthodologie de Claude Parent : notamment l’usage des obliques, qui est omniprésent ; mais aussi, plus largement, une certaine relation à l’espace. Ensuite, Jean Nouvel a élaboré une méthodologie très différente de celle de Claude Parent, que celui-ci décrit magnifiquement : « Nouvel, tout en restant dans son monde, évolue sans cesse. Quant à moi, je cherche sans cesse à refuser la réalité ». Il y a là, comme souvent chez Claude Parent, une forme de provocation : il serait difficile de dire que Claude Parent refuse la réalité. Mais disons qu’il y a, dans l’évolution de Jean Nouvel à partir des situations, une différence radicale avec Claude Parent – même si, comme le remarque justement ce dernier, Jean Nouvel « reste dans son monde », dans sa méthodologie, tandis que lui-même est tout de même très conscient de chaque situation. Enfin, je crois qu’il existe une troisième réponse, qui tient à la rémanence des formes : on trouve, parmi la grande richesse de formes utilisées par Jean Nouvel dans son architecture, des traces de l’oblique, du rapport au matériau, complètement réinventées – comme il le fait toujours. Il serait fascinant de…