En ces temps de confusion et de repli identitaire, de préjugés et de poncifs, de crainte d’une altérité synonyme de désordre, il faut d’urgence visiter l’exposition « Wifredo Lam », orchestrée par Catherine David au Centre Pompidou. D’urgence, car l’œuvre du peintre né à Cuba d’un père chinois et d’une mère mulâtresse pose en creux toutes les questions qui taraudent un monde déboussolé pressé d’ériger des frontières étanches. Mobile, labile, à la fois déraciné et profondément enraciné, l’artiste métisse dynamite les généalogies faciles et autres géographies entendues. Cuba dont l’inconscient hybride parcourt son œuvre ? Lam sera, selon la formule de Péguy, « juste assez loin de sa matière pour ne pas être enfoncé dedans. Juste assez près de sa matière pour y être engagé tout…
Wifredo Lam, un artiste insoumis au Centre Pompidou

La Jungla, 1943,
huile sur papier marouflé sur toile,
239,4 × 229,9 cm.The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence. © Adagp, Paris 2015.
Le Centre Pompidou, à Paris, rend un bel hommage au peintre cubain Wifredo Lam (1902-1982), qui sut assimiler des héritages contradictoires.