Roxana Azimi_Comment voyez-vous la perspective d’une prise de pouvoir du Front national dans vos régions respectives ? Quelles seraient les menaces directes sur vos établissements ?
Richard Leydier_C’est en effet avec une certaine inquiétude que nous envisageons ces élections régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, au vu des récentes déclarations de Marine Le Pen, et surtout de son entourage direct, à savoir Sébastien Chenu, auquel elle entend confier les dossiers culturels, sur le FRAC. Évidemment, nous craignons pour les subventions allouées par la région. Et cette crainte se propage également à la programmation, pour ce qui est du choix des expositions et des acquisitions.
Pascal Neveux_Les FRAC depuis leur création portent en eux une dimension politique au sens noble du terme, d’aménagement culturel du territoire, d’éducation et de démocratisation culturelle. Dans le contexte électoral que nous connaissons, il serait dangereux de transformer cette dimension politique en une attitude partisane visant à prendre fait et cause pour ou contre tel parti politique. Les FRAC en trente ans ont survécu à toutes les alternances politiques, ont traversé de multiples crises, et nous nous devons de faire confiance avant tout aux électeurs que nous sommes, afin de savoir se mobiliser le moment venu et ne pas tomber sous la séduction de discours qui colportent de très nombreuses contre-vérités, et qui dissimulent un seul objectif, détruire ce qui a été en trente ans mis en œuvre au service de nos concitoyens en matière d’accès à la culture. Quel funeste objectif idéologique à l’heure où nous nous devons de nous rassembler autour de nos valeurs républicaines, que de vouloir faire table rase de notre histoire récente, de notre engagement militant et permanent à soutenir, exposer, acquérir les artistes de notre époque, et à créer les conditions de la rencontre entre nos publics et nos créateurs.
Quand on sait que le coût d’un FRAC en 2014 était de 46 centimes d’euros par contribuable, on ne devrait que se féliciter d’un tel rapport coût/efficacité et revendiquer haut et fort les deux millions de visiteurs qui ont fréquenté les FRAC en 2013 à l’occasion de notre trentième anniversaire, les 1,6 million de visiteurs en 2014 toutes régions confondues et certainement de même en 2015. Quelle réussite pour de si modestes structures !!
Attaquer les FRAC, c’est afficher une méconnaissance totale des réalités du terrain, de nos actions et de nos publics. C’est sous-estimer la reconnaissance européenne et internationale que la France a acquise grâce à ces collections internationales en région (26 000 œuvres, plus de 5 000 artistes représentés). C’est cela aussi l’exception culturelle française.
Si le Front National…