Après une interruption de quatre ans, les Rencontres de Bamako étaient attendues comme le Messie par la communauté des photographes africains, mais aussi par les Maliens qui veulent montrer que le pays redémarre après une crise de trois ans. Pour la première fois, l’État malien a donné 130 000 euros (sur un budget de plus de 600 000 euros), alors qu’habituellement le Biennale africaine de photographie créée en 1994 ne reposait que sur l’apport de partenaires privés maliens et de l’Institut français. Un tour de force, alors que le budget du musée du Mali a chuté de 40 % cette année.
On revient de loin, depuis la guerre déclenchée en 2012 par la rébellion des Touaregs alliés aux salafistes dans le nord du pays. « Nous étions désemparés. Notre liberté de travail était menacée, nous avions peur de ne plus pouvoir circuler. Si les Djihadistes étaient entrés à Bamako, tout aurait été “foutu” », rapporte le photographe malien Emmanuel Bakary Daou. « Cela nous a surpris, nous ne nous attendions pas à ce que ça nous arrive, nous ne pensions pas nous écrouler comme ça », soupire son confrère Seydou Camara, qui propose un reportage autour des manuscrits de Tombouctou. Mais, ajoute-t-il, « depuis six mois,…