Le Quotidien de l’Art_Vous avez été mise en difficulté dans certaines émissions de télévision. Vous sentez-vous à votre place au ministère de la Culture ?
Fleur Pellerin_Vous savez, quand je me bats pour tous ceux qui n’osent pas franchir les portes de l’opéra ou d’un musée parce qu’ils s’y sentent illégitimes, je sais où je suis, je sais d’où je viens et je sais ce que je veux.
Quand je réfléchis avec les grandes institutions culturelles, concentrées pour la plupart à Paris, parce que cela fait partie de notre Histoire, pour qu’elles aillent davantage à la rencontre des publics dans les territoires, je me sens parfaitement à ma place. Lorsque j’engage le ministère de la Culture auprès des jeunes créateurs, dans une politique sans précédent, pour qu’ils aient accès à des lieux qui leur permettent de se lancer et qui soient adaptés aux nouvelles pratiques artistiques, je me sens aussi à ma place. Ou encore quand je travaille avec le Premier ministre à une réforme de l’intermittence que personne n’avait osé mettre en œuvre depuis dix ans. Ou bien quand je porte une Stratégie nationale pour l’architecture, que la profession attendait depuis des années, parce qu’elle leur donne enfin la possibilité d’expérimenter.
Et quand j’obtiens, pour mettre en œuvre cette politique, une augmentation de mon budget de 2,7 %, dans un contexte difficile, où l’État fait d’importantes économies, je vous garantis que je n’ai aucun doute sur la place que j’occupe.
Ma place, c’est de faire entrer notre politique culturelle dans le XXIe siècle : un siècle où l’on expérimente toujours plus, un siècle où l’on s’ouvre davantage à soi et au monde par la culture. On ne peut pas le faire de la même façon qu’il y a trente ans. Évidemment, faire bouger les choses, cela agace, cela dérange. Mais je suis là pour ça, et je travaille pour ça. J’agis au nom des valeurs de progrès qui sont les miennes. Que l’on discute de ma politique sur le fond, plutôt que de commenter l’écume des choses.
Plusieurs centres d’art sont en crise actuellement, notamment celui du Magasin à Grenoble. Pourquoi le ministère n’est-il pas plus audible sur la question ? Pourquoi ne monte-t-il pas davantage au créneau face à des élus qui remettent en cause l’offre culturelle ?
N’oublions pas de parler aussi de tout ce qui va bien ! Et dans la très grande majorité des cas, les élus mènent une excellente politique culturelle qu’il faut saluer. Pour le reste, distinguons bien les enjeux.
Il y a d’abord un enjeu financier. Sur ce point, j’ai toujours été très claire avec les élus : la…