C’est une histoire fragmentée et insoupçonnée, qui tient du hasard et du miracle. Un à côté aussi de la colonisation. Le curateur et galeriste André Magnin se place dans une lignée, celle de chercheurs d’art européens qui ont découvert et fait prospérer des talents africains. Si le continent en est riche, il est un pays qui tout particulièrement en regorge, la République démocratique du Congo, ex-Zaïre.
À la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, cette histoire se déguste à rebours. Pour découvrir les précurseurs, il faut commencer par le sous-sol. C’est là où André Magnin a accroché de vraies pépites comme Albert Lubaki, sa femme, Antoinette Lubaki, et Djilatendo, des peintres de case, qui ont commencé à œuvrer en 1926 sous l’impulsion de Georges Thiry qui leur fournit papier et aquarelle. Faussement naïfs, ils déploient un imaginaire débordant servi par une économie de moyens. On perdra leur trace dans les années 1930. Que sont-ils devenus ? Ont-ils continué ? Nul ne sait. En 1946, c’est une autre communauté qui fait jour à Lubumbashi, où un ancien marinier français crée l’atelier du Hangar, réunissant des artistes comme Pilipili Mulongoy ou Bela, qui formeront plus tard le noyau dur de l’académie de…