Roxana Azimi_Avez-vous conçu cette exposition au Centre Pompidou comme une rétrospective ?
Mona Hatoum_Je préfère utiliser le mot de « panorama ». Dans une rétrospective, on suit un parcours chronologique. Ici, nous avons choisi des œuvres clés que nous juxtaposons de manière à produire un nouveau sens. Dans mon cas, je préfère les oppositions, que tout ne soit pas harmonieux et plaisant, mais que l’on saute d’un sens à un autre.
Une bonne partie de votre travail traite de la question de la surveillance. Comment ce thème a-t-il surgi ?
Quand je suis arrivée à Londres, j’ai été marquée par la quantité de caméras de surveillance, cet ethos très orwellien. J’avais 23 ans, et c’était mon premier voyage en Europe. La guerre a éclaté au Liban et je suis restée à Londres. J’ai fait en 1994 l’installation sur l’endoscopie de notre propre corps, pour montrer à quel point la surveillance traverse notre vie, notre corps tout entier. Il n’y a pas un seul recoin qui ne soit pas observé.
La biographie est un élément dont les artistes répugnent à parler. Votre biographie a-t-elle fécondé votre œuvre ?
Je n’aime pas trop que les gens se concentrent sur la personne de l’artiste. Je résiste aux analogies que les gens font entre mon œuvre et mon histoire, cela réduit le sens. Les gens…