C'est un palais de papier qui s'écroule face à la tempête. Depuis la mise en examen, le 5 mars, de Gérard Lhéritier, le patron de la société Aristophil, et de sa fille, pour « escroquerie en bande organisée », rien ne va plus dans le monde des manuscrits. Le musée privé des lettres et manuscrits, écrin du boulevard Saint-Germain, à Paris, ouvert en 2010 par Gérard Lhéritier, et vitrine de ses activités, qui a accueilli d'importantes personnalités politiques et médiatiques, a été saisi par la justice, entre autres biens immobiliers, pour un total de 13 millions d'euros. La société Aristophil a été placée en redressement judiciaire et Gérard Lhéritier, laissé libre contre une caution de 2 millions d'euros.
Les enquêteurs, qui ont procédé à une perquisition au siège d'Aristophil en novembre 2014, soupçonnent Gérard Lhéritier d'avoir mis en place un système de cavalerie de type pyramide de Ponzi. Dans ce système, une personne promet des rendements mirifiques à des épargnants qui investissent dans un « produit ». L'argent frais des nouveaux arrivants paie les dividendes des anciens. Dans le cas d'Aristophil, Gérard Lhéritier proposait, à travers des courtiers et des banques, d'acheter en indivision des parts dans des manuscrits d'artistes, écrivains, hommes politiques ou scientifiques célèbres, avec la promesse d'un rendement annuel de 8 %, supérieur aux placements classiques. Aristophil achetait - cher - ces autographes pour les revendre une petite fortune aux épargnants, qui détiennent alors une fraction d'un texte ou d'une lettre, défiscalisée au même titre qu'une oeuvre d'art. Aristophil promettait, en sus des dividendes, de racheter les parts au bout de cinq ans. Mais dans les faits, cette action n'avait pas de caractère obligatoire pour la société, ce que nous a confirmé hier l'avocat d'Aristophil, Maître Francis Triboulet. Et nombre d'investisseurs se laissaient convaincre de réinvestir leurs gains. Selon Libération, Aristophil a racheté les parts des épargnants…