Alors que la question de la restitution des biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale reste brûlante, Klaus Albrecht Schröder, directeur de l'Albertina à Vienne, s'est prononcé en faveur de l'instauration d'une limite dans le temps pour procéder aux restitutions des oeuvres spoliées par les nazis et aujourd'hui conservés dans des collections publiques, rapporte The Art Newspaper. « La communauté internationale devrait statuer sur un délai de 20 à 30 ans à partir d'aujourd'hui [à compter duquel les restitutions ne seraient plus permises]. Si nous n'établissons pas de limite au-delà d'un siècle après les événements, alors nous pourrions nous interroger sur la validité des plaintes concernant les crimes commis pendant la Première Guerre mondiale, puis sur les conséquences de la guerre franco-prussienne de 1870, ou même sur les possibles demandes de restitution de biens volés lors des précédentes guerres », a-t-il déclaré au journal britannique. Depuis l'adaptation dans le droit interne autrichien des principes de Washington sur la question des oeuvres spoliées, 50 000 pièces conservées dans les collections publiques autrichiennes ont été restituées à leurs propriétaires légitimes. « La procédure de restitution est juste et nécessaire, poursuit le directeur. Mais plus le temps passe, plus il devient difficile de tracer avec certitude la provenance des oeuvres. […] Je pense que le temps est venu d'accepter l'histoire comme passée, et de la laisser reposer ». En réaction, Danielle Spera, directrice du musée Juif de Vienne, a déclaré que « le débat devrait moins porter sur la question d'une limite de temps, mais plutôt sur la manière dont les recherches de provenance peuvent être menées à bien aussi efficacement et rapidement que possible ». Le président de la communauté juive de Vienne, Oskar Deutsch, a estimé que « les recherches de provenance sont l'une des rares manières pour les familles des victimes du nazisme de se reconstruire, et pour tous de garder vivante la mémoire des victimes ». De même, le musée Leopold à Vienne a annoncé qu'il « n'envisage ni n'envisagera l'instauration d'un délai pour les restitutions ».