Deux oeuvres sont au coeur des investigations de la justice monégasque dans l'affaire qui oppose le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev et Yves Bouvier, transitaire, premier locataire du port franc de Genève et principal actionnaire de celui du Luxembourg. La semaine dernière, rapporte Le Temps, le ministère public genevois a saisi, dans le cadre d'une entraide judiciaire avec le parquet de Monaco, une série de documents au siège genevois de la société Natural Le Coultre, société d'Yves Bouvier. Selon le journal suisse, les enquêteurs recherchaient en particulier des documents concernant deux transactions réalisées par le biais d'Yves Bouvier : la vente du Nu couché au coussin bleu de Modigliani, et celle du Salvador Mundi de Léonard de Vinci. Selon les éléments de la plainte consultés par Le Temps, le premier aurait été acheté 93,5 millions de dollars par Yves Bouvier et revendu 118 millions de dollars à la famille Rybolovlev. Acquise selon certains pour un montant allant de 75 à 80 millions de dollars, la seconde oeuvre aurait été cédée ensuite au Russe pour 127,5 millions de dollars. Saisie à la demande de ce dernier, la justice monégasque (le milliardaire réside dans la principauté) avait mis en examen le 28 février Yves Bouvier pour « escroqueries et complicité de blanchiment ». La justice cherche à établir si ces transactions ont été précédées de montages illégaux visant à gonfler les prix de revente à Rybolovlev. De son côté, Yves Bouvier a répliqué en expliquant qu'il avait agi comme « marchand d'art » pour constituer la collection du Russe - estimée à 1,9 milliard d'euros - et que les marges perçues sont à ce titre parfaitement légitimes. Il évoque également plusieurs dizaines de millions d'euros que lui devrait encore Rybolovlev, estimant que celui-ci cherche notamment à travers cette procédure à ne pas lui payer ce qu'il lui doit.