Au terme de trois jours d'audience au Tribunal de Grasse, le procureur de la République a requis cinq ans d'emprisonnement avec sursis à l'encontre de l'ancien électricien de Pablo Picasso, Pierre Le Guennec, et de sa femme Danielle. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 20 mars prochain. Le couple de retraités comparaissait la semaine passée pour le recel de 271 oeuvres de l'artiste. L'artisan a déclaré que ces oeuvres étaient un don de Jacqueline, dernière épouse du peintre, quand la défense, constituée par la Picasso Administration, affirmait qu'il s'agissait de vol. Outre les héritiers, des spécialistes de l'oeuvre du maître, dont Anne Baldassari, ancienne présidente du musée national Picasso à Paris, ont été entendus. Les différents témoignages sont allés dans le sens de la thèse du vol puisque aucune oeuvre n'est dédicacée à l'attention du couple quand il a été établi que Pablo Picasso donnait ses oeuvres seulement une fois signées. De plus, la présence de collages rares et de plusieurs lithographies identiques va aussi à l'encontre de la thèse du simple don. Si le présent procès ne portait que sur la qualification de recel, une thèse a été présentée au moment des débats : celle d'un potentiel trafic d'oeuvres du maître en relation avec l'affaire de la « collection secrète » de près de 200 créations de Picasso appartenant à Maurice Bresnu, ancien chauffeur de l'artiste et cousin des époux Le Guennec. Un réquisitoire supplétif dans le cadre de l'instruction avait conclu que ces oeuvres avaient été volées. Mais un non-lieu avait été prononcé suite au décès de l'accusé en 1991.