L'Association nationale des écoles supérieures d'art, AndEA, a fait part hier jeudi de sa forte inquiétude face au contenu de l'avant-projet de loi relative à la liberté de création, à l'architecture et au patrimoine, qui doit être présenté par la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, en mars 2015 en Conseil des ministres. « Contrairement à la manière dont Fleur Pellerin l'a présenté, il ne s'agit pas d'un grand texte “ambitieux” sur la création puisqu'il ne s'attache qu'à certains domaines particuliers. Il est fort dommageable que le ministère de la Culture ne prenne pas la mesure de l'importance de nommer toutes les formes de création et n'entreprenne pas dans un texte comme celui-ci de réaffirmer et de sanctuariser la tutelle pédagogique et scientifique qu'il exerce sur l'ensemble de ses établissements d'enseignement supérieur et de recherche, à un moment où l'on attend de lui qu'il renforce la structuration et les procédures de légitimation de ce secteur », déclare l'association. Les critiques se portent autant sur le contenu que sur la forme du texte, et en particulier sur sa manière de faire « peu de cas des arts plastiques et visuels, du design et des médias numériques » en « supprim[ant] purement et simplement toutes les mesures qui, dans la précédente version du texte en date d'octobre 2013, concernaient l'enseignement supérieur relevant du ministère de la Culture, ce secteur étant maintenant relégué à une ordonnance ». Cette « modification profonde du texte a été entreprise sans consultation aucune des acteurs culturels concernés », souligne l'association. En réaffirmant l'enjeu que représente cette loi pour le secteur des écoles d'art, l'ANdEA demande à ce que soit « sanctuarisé l'enseignement supérieur de la création par la création et la recherche en art », que soit « reconnue et légitimée l'activité de recherche elle-même », et à ce que soit instauré un « statut spécifique pour les professeurs d'enseignement artistique du supérieur », en vue d'assurer « la pérennité du pluralisme et de la singularité des écoles supérieures d'art, et leur préservation au regard du champ plus large de l'enseignement supérieur ». Dans le même temps, de nombreux points imprécis posent question dont l'évocation d'une convergence entre les écoles du spectacle vivant et les écoles d'art, la mise en cohérence du régime d'enseignement supérieur de la création artistique avec le système d'accréditation introduit par la Loi Fioraso, ou encore la question de l'accentuation de l'autonomie des établissements de formation.