Sarah Hugounenq_Le vaste panorama que dresse l'exposition « Sept ans de réflexion » insiste sur votre volonté de sortir d'une vision franco-française du XIXe siècle et d'ouvrir les collections vers les écoles étrangères…
Guy Cogeval_En arrivant à Orsay, je me suis inspiré de Léonce Bénédite [conservateur de 1892 à 1919 du musée du Luxembourg, premier musée d'art contemporain d'Europe et ancêtre du musée national d'art moderne]. Il a élargi le musée vers de grands artistes contemporains étrangers. Si, hélas, il n'a pas pensé à Munch ou à Klimt, il a acheté des toiles qui sont des oeuvres aujourd'hui très importantes du fonds d'Orsay comme celles de l'Espagnol Joaquín Sorolla, mais aussi de l'École italienne avec Angelo Morbelli ou Giuseppe Pellizza da Volpedo. Il était important d'élargir notre vision du XIXe siècle.
La diversité des acquisitions, le réaménagement du « Nouvel Orsay » en 2011 accroissant les résonances entre les techniques, ainsi que les thèmes des expositions récentes, de « Sade » qui actuellement fait dialoguer peinture et littérature à « Debussy » en 2012 qui embrassait musique, peinture et mobilier, trahissent un goût prononcé pour l'interdisciplinarité. Ce décloisonnement est rare en France…
Oui, en effet, la transdisciplinarité n'est pas dans la logique française, héritière du modèle du musée du Louvre séparant les techniques. Mais j'ai été élevé en même temps que la création du musée d'Orsay - où j'ai débuté ma carrière - qui tout de suite a mis l'accent sur l'ouverture…