Depuis une dizaine d'années, les rares sculptures réalisées du vivant de Constantin Brancusi (1876-1957) s'envolent en ventes publiques, certaines dépassant les 10 millions de dollars, avec un pic pour Madame L.R., exemplaire en bois de la collection Bergé-Saint Laurent vendu 29,2 millions d'euros en février 2009 chez Christie's à Paris. La demande est énorme, au point d'échauffer les esprits. Quelle n'a pas été la stupéfaction de Friedrich Teja Bach, expert mondial de l'artiste résidant en Allemagne, en recevant le 14 novembre dernier une convocation à comparaître le 16 décembre devant le tribunal de grande instance de Paris. Outre 40 pages d'assignation, l'envoi comporte près de 200 pages de documents non traduits en allemand, sa langue natale. Le grief ? Un collectionneur, détenteur d'une sculpture en marbre intitulée Le Baiser, demande à l'expert de délivrer un certificat d'authenticité de son oeuvre, bien que celui-ci ait rendu un avis défavorable sur la pièce il y a des années. Au titre du préjudice subi, invoquant l'incapacité de vendre une oeuvre estimée par lui-même à plus de 10 millions de dollars, le collectionneur réclame à Friedrich Teja Bach la somme de 300 000 euros…
Exclusif : « Le Baiser » empoisonné de Brancusi
Frustré de ne pas réussir à vendre une sculpture qu'il attribue à Constantin Brancusi, un collectionneur attaque en justice un expert reconnu qui avait rédigé un avis négatif. L'indépendance des experts est une nouvelle fois remise en question.