Le photographe David Goldblatt expose à la galerie Marian Goodman, à Paris, sa célèbre série baptisée Structures of Dominions and Democracy. Rencontre avec un totem de la photographie engagée.
R. A. Les photos que vous exposez à la galerie Marian Goodman montrent des édifices, structures publiques ou privées en Afrique du Sud. Quelles sont les différences majeures entre celles construites avant et après l'Apartheid ?
D. G. Les structures traitent toutes du pouvoir. Avant l'Apartheid, il s'agissait de la puissance du régime ; après, il s'agit d'un autre pouvoir, celui de la démocratie. Beaucoup d'entre elles traitent de la mémoire de la lutte contre l'Apartheid.
R. A. Dans certaines photos, on voit des bâtiments enlevés à leurs premiers propriétaires noirs ou indiens. Dans deux autres photos plus récentes, vous montrez la place de la Liberté où se retrouvaient des marchands ambulants « assainie » et transformée en mémorial, la place étant rebaptisée place Walter Sisulu de la Consécration. Voyez-vous les mêmes mécanismes dans les deux types de table rase ?
D. G. Il y a des similarités de structure. Le monument construit après l'Apartheid est un bâtiment néofasciste. Il n'y avait aucune raison de construire une structure aussi ampoulée sans…