L'exposition Paul Chan au Schaulager, à Münchenstein, près de Bâle, mélange, presque en exacte proportion, le meilleur et le pire de l'artiste né à Hongkong et élevé aux États-Unis. Commençons par le meilleur : ses projections au sol d'une poésie saturnienne, empreintes de prophétie et d'apocalypse, dévidant un théâtre d'ombres de corps en chute ou en ascension, entre grâce et disgrâce. Le monde selon Paul Chan part en lambeaux. Tout y passe, des iPods aux téléphones portables, chaises et autres objets de notre quotidien urbain. Sans drame aucun, sans tragédie presque, car le mode choisi est celui de la boucle, de la litanie, de l'éternel recommencement. Le temps semble à l'arrêt, comme une poussière statique après un…