Après « 1917 » au Centre Pompidou-Metz et « l'Art en guerre » au musée d'art moderne de la Ville de Paris, une surdose d'expositions sur le thème belliqueux était à craindre en cette année commémorative de la Grande guerre. Conçue par l'historienne de l'art Laurence Bertrand Dorléac au musée du Louvre-Lens, « Les Désastres de la guerre 1800-2014 » a beau sillonner des travées débroussaillées par les expositions susmentionnées, voire présenter une minuscule poignée d'oeuvres communes, elle apporte indéniablement un nouvel éclairage. Tout d'abord parce qu'elle remonte le fil chronologique aux campagnes napoléoniennes, véritable tournant visuel. Jusqu'alors, les artistes glorifiaient la dimension héroïque des combats. Mais soudain, les peintres partis la fleur au fusil pour servir la cause déchantent. à posteriori, ces déferlantes soulignent à quel point les campagnes napoléoniennes furent déjà des guerres de masse. Que nous montre Géricault ? Un cuirassé à terre, seul, désarçonné. Plus de charge héroïque à la David, ni de chevauchée fantastique. Les peintres s'attellent à présenter les soldats face à la mort, parfois solitaires, pire, oubliés. Nous sommes dans l'avènement de l'individu, broyé par le système et la…