S'il est difficile de faire émerger des artistes vivants, il est souvent plus compliqué encore de faire renaître des créateurs décédés. L'artiste n'est plus là pour distiller son aura, jouer de son charme ou de son mystère, répondre aux entretiens. Comment désormais incarner l'oeuvre ? La Galerie Continua (San Gimignano, Pékin, Le Moulin) en sait quelque chose. Cela fait quatorze ans qu'elle soutient le travail de l'artiste chinois Chen Zhen, décédé en 2000 à l'âge de 45 ans. « On se pose toujours la question : va-t-on dans le sens qu'il aurait souhaité ? Il y a toujours quelque chose qui vous manque, une émotion qui vous capture », reconnaît Lorenzo Fiaschi, codirecteur de Continua. Et d'ajouter : « La question, c'est comment remplir un vide. Aujourd'hui, la communication et la présence des artistes sont importantes. Il y a plus de fascination qu'avec un artiste absent. Il faut faire comprendre son importance pas seulement à travers notre voix de galeriste, mais à travers des témoignages ». Si ce dernier a organisé une conférence en prologue de la rétrospective Chen Zhen chez Emmanuel Perrotin à Paris (lire page 4), où ses proches y sont allés de leurs anecdotes, c'est bien pour donner une chair, mieux une voix, au créateur. Dans le cas de Chen Zhen, il fallait aussi lui…