Le ministère de la Culture l'a confirmé hier matin : l'ouverture du musée Picasso est bien repoussée à mi-septembre. Cette annonce fait suite à la question plusieurs fois soulevées du retard des travaux de rénovation de l'institution et à la colère qu'a exprimée Claude Picasso dans un entretien paru vendredi dans Le Figaro. Le fils de Pablo Picasso et de Françoise Gilot s'est déclaré « scandalisé et très inquiet » par l'allongement des délais de cette réouverture du musée (prévue initialement fin 2013 puis à l'été 2014, et maintenant repoussée à septembre). Ne voyant « aucune volonté de la part de la France d'ouvrir le musée en juin », le fils de l'artiste exigeait vendredi qu'Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, lui donne « un engagement écrit et ferme qu'elle va tout faire pour que le musée ouvre en juin avec Madame Baldassari à sa tête ». La ministre qui lui avait pourtant confié, lors d'une entrevue, l'impossibilité de tenir ces délais, a confirmé sa position en évoquant les retards du chantier. Samedi, Jean-François Bodin, architecte en charge du réaménagement du musée, a contesté la rumeur selon laquelle le chantier était livré avec un mois de retard, et a réaffirmé que l'institution pouvait toujours rouvrir en juin. La Rue de Valois n'a pourtant pas changé son discours : « contrairement à certaines allégations publiques, les travaux réalisés dans le corps principal du musée, l'Hôtel Salé, n'ont été achevés que le 30 avril ». Et d'ajouter : « les travaux de l'aile technique, bâtiment essentiel du musée, seront achevés au plus tôt fin mai. (…) La réouverture d'un musée national, conçu pour accueillir les oeuvres de l'un des plus grands artistes du XXe siècle, est un événement majeur qui mérite enthousiasme et rigueur ». Vendredi, le fils de l'artiste avait témoigné de son exaspération : « la vérité, c'est qu'il n'y a aucune envie positive d'ouvrir le musée en juin. Je me fais balader, j'ai l'impression que la France se fout de mon père et aussi de ma tête ! ». Ce mécontentement prend aussi son origine dans les rumeurs de rattachement du musée Picasso au musée national d'art moderne/Centre Pompidou. « Manuel Valls a démenti. Heureusement, parce que si la dation à l'origine de l'ouverture de l'hôtel Salé est irrévocable, les donations intervenues depuis, notamment celle de la collection d'oeuvres (...) que mon père collectionnait, pourraient être annulées », a-t-il menacé. Claude Picasso confiait enfin dans l'entretien accordé vendredi qu'il avait l'intention d'offrir au musée, lors de son ouverture, des documents de Dora Maar sur la création de Guernica et un carnet de dessin.
Le fils du peintre doit être reçu aujourd'hui par Manuel Valls pour évoquer l'avenir du musée Picasso et le sort de sa présidente Anne Baldassari, qui pilote le projet d'aggrandissement.