Les élections municipales se dérouleront les 23 et 30 mars. Nous proposons dans ce numéro un dossier spécial sur la campagne parisienne en revenant sur les propositions des deux principales candidates, Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet. Bruno Julliard a tout d'abord répondu à nos questions sur le programme de la candidate du parti socialiste.
R. A.et P. R. On reproche souvent au maire de Paris, Bertrand Delanoë, de s'être contenté d'une politique culturelle « paillette », portée sur l'événementiel et l'éphémère comme la Nuit Blanche, au détriment des musées qui avaient besoin aussi bien de restauration que de vrais budgets d'acquisition. Qu'en pensez-vous ?
B. J. Je trouve ce jugement excessif et même un peu injuste. Il faut mettre cela en perspective avec l'état de la politique culturelle en 2001, lorsque Bertrand Delanoë est devenu maire de Paris. La capitale souffrait alors non pas d'une absence de créateurs, d'artistes ou de production culturelle, mais d'une inégalité sur le territoire qui était flagrante. Bertrand Delanoë a voulu consacrer l'essentiel des moyens nouveaux - le budget de la Culture a plus que doublé entre 2001 et 2013 (1) - à la création d'équipements ou d'événements nouveaux. C'était nécessaire à la fois pour montrer qu'il y avait une vraie volonté politique d'envoyer un message positif à des quartiers entiers de Paris qui avaient été déshérités et oubliés par les politiques précédentes. Cela est allé des politiques sociales jusqu'aux politiques culturelles. C'est la raison de l'émergence du Centquatre, de la Maison des métallos, du BAL, etc. Nous l'assumons totalement, et nous en sommes même très fiers. Je ne suis pas du tout favorable à cette lecture qui voudrait opposer l'événementiel à un travail plus pérenne de soutien aux artistes ou de présence de l'art dans l'espace de la ville. L'événementiel répond à une volonté d'une meilleure rencontre entre des publics plus larges et des artistes. Là où j'accepte une critique, c'est que nous devons garantir à l'avenir aux lieux qui existent les moyens suffisants et satisfaisants pour bien mener leur travail.
R. A.et P. R. Quelle serait du coup votre politique pour ces lieux ?
B. J. Elle devra privilégier le renforcement de ces lieux, toutes esthétiques confondues. Il y a aura beaucoup d'autres défis dans la rencontre avec le public, le lien entre les différentes disciplines et entre les lieux. Prenons la question de nos musées. Nous avons un réseau de quatorze établissements de la Ville de Paris. Il est clair que nous avons besoin de trois…