Bernard Blistène est le commissaire de la 5e édition du Nouveau Festival au Centre Pompidou qui réunit cette année en particulier le chorégraphe Xavier Le Roy ou Charles de Meaux, qui présente son Train fantôme et des films auxquels il a contribués. Bernard Blistène explique l'esprit du Nouveau Festival et son influence sur la politique qu'il entend mener à la tête du musée national d'art moderne.
R. A. et P. R. Comment est née l'idée de la performance inaugurale de Simon Fujiwara pour le Nouveau Festival ?
B. B. Je suis allé voir Simon Fujiwara à Berlin, j'avais envie de travailler avec lui. Je lui ai dit : « je pense que ton travail a à voir avec l'oubli ou la mémoire ». Il m'a dit : « oui, de fait ». Il a commencé à me raconter une histoire liée à sa propre vie. Il faisait des études d'architecture et il est venu à Paris pour voir le Centre Pompidou. Il a été fasciné par le bâtiment. Il est monté boire un verre au Georges où il y avait des roses dans des vases ; il s'est mis à penser que le Centre Pompidou était une machine qui pouvait produire une sorte d'énergie vitale, il s'est raconté une histoire, a travaillé sur la structure même du lieu, et il m'a parlé des gerberettes, qui sont les structures qui tiennent le bâtiment. Il a commencé tout un travail où, par un jeu d'images, d'associations, il a montré les relations que le bâtiment entretenait avec le quartier, le Marais. Il a imaginé un Centre Pompidou dans un monde futur à partir d'une idée que je lui avais rapportée selon laquelle Pontus Hulten avait eu à l'esprit de faire un autre Centre Pompidou ailleurs. C'est une sorte de légende qui court. Il a imaginé que ressortait du Marais cette gigantesque gerberette dont il a fait un moulage que j'ai fait installer en lieu et place de la fameuse sculpture de Pierre Huyghe qui était celle qui se trouvait à l'entrée de son école.
R. A. et P. R. Pierre Huyghe avait aussi joué sur les fantômes des expositions.
B. B. L'espace du Nouveau Festival joue sur une mise en abyme totale avec la mémoire des expositions, notamment celle de Mike Kelley. J'ai gardé à l'entrée à gauche Time keeper de Pierre Huyghe où j'ai conservé un…