Simple effet de mode ou véritable phénomène de société ? Depuis quelques années, l'esprit du « cabinet de curiosités » connaît un nouveau succès. On le retrouve dans les hôtels, les restaurants, les bars, les boutiques, et parfois même dans les musées et les expositions. Employé par les magazines de décoration d'intérieur, le terme désigne un espace réunissant des formes et des objets hétéroclites, dont l'aménagement est susceptible de rendre compte de la personnalité de son auteur. L'idée se généralise jusque dans les blogs et les réseaux sociaux comme autant d'univers pseudo-intimistes qui offrent à chacun la possibilité d'exposer ses goûts, ses idées et ses « découvertes », dans un désordre savamment entretenu. Toutefois, cette esthétique des cabinets de curiosités repose bien souvent sur une méconnaissance de leur réalité historique. C'est justement celle-ci que retrace l'exposition de Poitiers dont le titre évoque bien la double nature du cabinet de curiosités, où la fascination pour l'insolite et le merveilleux s'accorde à la recherche du savoir. La corne de licorne tout comme le bézoard - nom donné aux concrétions calculeuses qui se forment dans l'estomac à partir de poils ou de substances végétales fibreuses -, auxquelles on attribuait toutes sortes de vertus médicinales, étaient très recherchés par les propriétaires de ces ensembles. Mais…