Il faut du courage pour s'attaquer aux pétroliers et aux situations embourbées. Dans une tribune publiée vendredi 15 novembre par le quotidien Libération, l'ancienne administratrice du musée national d'art moderne, Sylvie Corréard, pointe les défauts de l'institution ayant conduit à un processus de nomination pour le moins rocambolesque du futur directeur du musée national d'art moderne. L'impasse actuelle résulte de la décision de Dominique Bozo de modifier les statuts du Centre Pompidou, renforçant le pouvoir du président. « Les successeurs de Dominique Bozo à la présidence du Centre ont tous été des grands commis de l'État, et non des conservateurs. L'hypertrophie visible de la présidence actuelle n'est donc que l'amplification de dérives anciennes », écrit-elle, brocardant au passage une programmation où « les expositions du Centre Pompidou finissent par ressembler à un index Artprice ou Artnet : les artistes vivants les plus chers du monde (Gerhard Richter ou Lucian Freud), en attendant le point d'orgue, une ruineuse présentation de Jeff Koons à l'automne 2014 ». En conclusion, Sylvie Corréard appelle à une vraie refonte : « Pour conforter son rang de grande institution emblématique de l'image de la France, le Centre doit réaffirmer un engagement artistique fort. Pour cela, le pouvoir décisionnaire en matière de programmation doit d'urgence être redonné à des conservateurs ».