Lentement, avec une délicatesse infinie, Maria José Arjona ramasse des gravats qu'elle dépose consciencieusement par terre ou sur des tablettes suspendues, selon des constructions dont elle a le secret. L'artiste colombienne réalisera durant un mois cette performance dans un entrepôt situé dans l'un des quartiers les plus « chauds » de Bogotá (Colombie), à Santa Fe, où la prostitution le dispute à la pauvreté. Lors du coup d'envoi de ce happening organisé par la galerie mor charpentier (Paris) et le commissaire Eugenio Viola, quelques VIP étrangers et des collectionneurs du quartier cossu du Retiro étaient venus en voiture blindée. Voilà encore cinq ans, une telle scène aurait été impensable. Personne n'aurait soupçonné que de telles performances fussent possibles dans un pays plombé par la guerre civile, les déplacements de populations et la corruption. La sécurisation croissante du pays, qui compte encore un taux de criminalité conséquent, couplée à la montée en puissance économique de la Colombie, désormais le troisième d'Amérique latine en termes de PIB derrière le Brésil et le Mexique, et le lent développement d'une classe moyenne ont changé la donne.
Si la découverte du pays est récente, la scène locale s'est construite à l'abri des regards, comme ces foyers discrètement couvés qui,…