R. A. Quel est le but de votre démonstration ?
C. G. Je veux montrer que les critères de l'art linéaire et progressiste ne sont qu'une pure construction de l'esprit, qu'ils ne sont pas opérationnels pour comprendre la création au plan mondial. Cette histoire excluante tendait à la purification. Elle s'est construite après la Seconde Guerre mondiale, dans un moment de grand ébranlement des valeurs occidentales et nous avons voulu réaffirmer ces valeurs dans un sens progressiste. Cette histoire s'est aussi construite autour de la guerre froide, des dictatures en Amérique du Sud, de la décolonisation qui ont fait que ces pays n'étaient plus visités et on a oublié leur histoire plus ancienne. Dans l'accrochage, nous avons laissé tomber le concept de l'oeuvre pionnière, de l'oeuvre tardive, du centre et de la périphérie. Cela permet de redécouvrir beaucoup d'artistes ostracisés ou des périodes oubliées d'artistes plus connus. L'accrochage revalorise l'hétérogène qui a été écarté par l'histoire de l'art trop puriste.
R. A. Quelle méthodologie avez-vous utilisée pour bâtir cet accrochage ?
C. G. Il fallait trouver un outil, autrement on partait dans tous les sens. Nous avons utilisé les revues d'art pour décentrer notre regard, voir dans…