Louis Delaporte était un lutteur de l'ombre, discret mais zélé, un de ces noms que les manuels d'histoire de l'art n'ont que peu retenus. Son cheval de bataille - l'art khmer - a longtemps été tenu en lisière par les conservateurs français. Pourtant, grâce à lui, l'Hexagone possède la plus belle collection d'objets khmers hors du Cambodge. L'exposition « Angkor, naissance d'un mythe », organisée par le musée Guimet à Paris, lui rend pleinement justice.
Delaporte a redécouvert - car il est loin d'être le premier - le site dans des conditions difficiles en 1866 lors d'un crochet effectué dans le cadre d'une exploration du cours du Mékong dirigée par Ernest Doudart de Lagrée. Une bonne partie des temples étaient alors recouverts par la végétation. Beaucoup d'explorateurs laissaient leur vie dans ces périples et Delaporte lui-même n'a pu réaliser que trois missions. Il faut l'admettre, le jeune officier de marine n'occupe pas une place de premier plan dans cette équipée du Mékong. Il est même décrit comme un esprit « insuffisant ». D'autres déconvenues l'attendent aussi à son retour en France. L'explorateur se sent soudain investi…