Christie's vendait hier à Paris la collection Jolika provenant du De Young Museum de San Francisco. Ces quinze lots consacrés aux objets de Papouasie Nouvelle-Guinée ont séduit les enchérisseurs. Une figure cérémonielle de faîtage Biwat estimée de 750 000 à 1 million d'euros a suscité une bataille d'enchères qui s'est arrêtée avec une adjudication au téléphone à 2,15 millions d'euros (2,5 millions d'euros avec les frais), record mondial pour une oeuvre de Papouasie Nouvelle-Guinée. Trois lots suivant, un bol cérémoniel de la province du Sepik oriental, daté entre le XVIe et le début du XIXe siècles, a été préempté par le musée du quai Branly à hauteur de 70 000 euros (avec les frais). L'art africain et océanien proposé à la suite a rencontré lui aussi un bon accueil, à l'exception d'un couple Igbo (Nigeria) de deux mètres de haut estimé de 80 000 à 100 000 euros et issu de la collection du crooner Andy Williams, parti à 38 000 euros au marteau (47 000 avec frais), et d'une statuette féminine Dogon (Mali) estimée 300 000-500 000 euros restée invendue - Christie's n'a visiblement pas réussi à joindre un important enchérisseur au téléphone. Les plus belles pièces de la collection Céleste et Armand Bartos, également grands amateurs d'art moderne, ont vu leurs prix flamber, tel une statuette dogon Kambari, du Mali, jugée remarquable par un grand marchand parisien qui a enchéri sans succès. Estimée de 30 000 à 50 000 euros, cette figure recroquevillée passée entre les mains de l'ex-marchande Hélène Kamer (Leloup), spécialiste des Dogons, a vu son estimation haute décuplée, à 500 000 euros au marteau (601 500 euros avec frais), sous les applaudissements de la salle. Pour atteindre ce niveau de prix, il fallait qu'au moins deux collectionneurs aux moyens énormes soient entrés dans la danse. D'après nos informations, l'adjudicataire de ce lot serait la famille royale d'Arabie saoudite. Bénéficiant du même parcours - Hélène et Henri Kamer puis le couple Bartos -, un serpent Baga polychrome (Guinée) offrant de rares cavités dans son dos s'est lui aussi envolé pour atteindre 2 millions d'euros au marteau (2,3 millions avec frais). C'est un responsable du département d'art africain et océanien de Sotheby's à New York, présent dans la salle, qui l'a acquis sans doute pour le compte d'un client, se battant contre le marchand de Bruxelles Bernard de Grunne. Comme mentionné au catalogue, Christie's avait un intérêt financier dans la vente de la collection Bartos. L'ensemble de la vacation incluant la collection Jolika a récolté un total de 7,8 millions d'euros avec frais, pour une estimation de 5 à 7,7 millions et 132 lots.