En pleine touffeur estivale, la vacation d'arts d'Afrique et d'Océanie de Sotheby's hier après-midi à Paris a obtenu 3,7 millions d'euros contre une estimation de 5 à 7 millions d'euros (hors frais) pour 121 lots. Un peu plus de 50 % des lots ont été ravalés (64 sur 120). À l'exception du premier tiers de la vente, la collection Françoise et Jean Corlay portant entre autres sur l'art du Congo n'a pas vraiment rencontré le succès escompté. Une importante statue janiforme et androgyne Songye (Congo) a atteint 340 000 euros au marteau, sous l'estimation de 350 000-500 000 euros. Un couple Mbanza (Congo) a été ravalé à 110 000 euros, contre une estimation de 150 000-200 000 euros. Le catalogue mentionnait que la pièce avait été achetée à Kinshasa en 1983, une précision sans doute insuffisante pour attester d'une grande ancienneté aux yeux des collectionneurs. Pour l'ensemble de cette vacation, une partie des invendus correspondait souvent à des pièces dont l'ancienneté (c'est-à-dire une datation entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du siècle suivant) faisait débat pour plusieurs amateurs présents dans la salle, telle une statuette Baoulé (Côte d'Ivoire) estimée 50 000-70 000 euros et ravalée à 40 000 euros. À l'inverse, un appui-tête Songye (Congo) de 12,5 cm de haut collecté avant 1891 n'a pas échappé aux connaisseurs. Estimé de 120 000 à 180 000 euros, il s'est envolé à 420 000 euros au marteau, un achat probable d'une grande famille du Moyen-Orient. Par ailleurs, un masque Baoulé (Côte d'Ivoire), initialement passé entre les mains du grand marchand Charles Ratton, a été adjugé 650 000 euros au marteau, pulvérisant l'estimation de 120 000-180 000 euros. Le marchand parisien Alain de Monbrison, qui l'avait vendu au collectionneur actuel, a enchéri jusqu'à plus de 400 000 euros pour le racheter, en vain. Dans d'autres cas, c'est le prix de réserve trop élevé qui a empêché la vente, à l'instar du clou de cette vacation, une coupe royale sculptée Yoruba (Nigeria) qui ornait la couverture du catalogue. À 880 000 euros au marteau, ce lot a été ravalé. L'estimation, sur demande, était d'environ 1 million d'euros. En mettant un prix de réserve aussi élevé, son vendeur, le collectionneur et marchand d'origine libanaise Samir Borro, voulait-il vraiment se séparer de cette oeuvre majeure et très ancienne ?