C'est sur un secret de plus de 150 ans que la bibliothèque municipale de Besançon lève le voile : les lettres érotiques échangées de novembre 1872 à avril 1873 entre Gustave Courbet (1819-1877) et une intrigante parisienne, Mathilde Carly de Svazzema, sont présentées pour la première fois au public. Sous les vitrines de l'exposition, la bibliothèque bisontine a sélectionné 36 courriers, parmi les 116 missives manuscrites retrouvées par hasard en novembre 2023 dans les combles de ce bâtiment construit au début du XIXe siècle. Un trésor épistolaire rangé comme une pile de vieux papiers, agrémentée d'une note lapidaire faisant état de « lettres scabreuses »... Inédite, cette correspondance amoureuse se distingue par son ton très libertin. Pour parler d'amour, le peintre communard ne s'embarrasse pas de circonvolutions. Dans ses lettres adressées tantôt à « ma bonne putain », tantôt à « mon cher con », l'artiste qui appelle un chat un chat, emploie des mots très crus. Présentée comme une « rouleuse d'hommes en vogue » par Émile Gros-Kost dans son livre Courbet, souvenirs intimes (1880), la belle Mathilde, qui a vingt de moins que son illustre correspondant, lui répond sur le même ton. Sous la plume des amants, les fantasmes vont bon train. D'autant que l'artiste tourmenté et l'aventurière ne se sont jamais rencontrés... Et c'est peut-être l'aspect le plus étonnant de cette histoire d'amour, aussi platonique qu'abracadabrantesque !
« Courbet, les lettres cachées : histoire d'un trésor retrouvé », bibliothèque municipale, Besançon, jusqu'au 21 septembre 2025.
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© Photo Jean-Charles Sexe/Ville de Besançon.