Un vent mauvais s’abat depuis quelques jours sur les « jardins remarquables » et la bâtisse blanche de style rationaliste du Clos Saint-Bernard situé sur les hauteurs de la ville de Hyères, dans le Var. Plus connue du grand public sous le nom de « Villa Noailles » – puisque c’est sous l’impulsion du couple de collectionneurs et mécènes Noailles que sa construction fut confiée dès 1923 à l’architecte Robert Mallet-Stevens – la demeure, d’abord classée au titre des monuments historiques avant d’être labellisée « Maison des illustres » en 2012, puis « centre d’art contemporain d’intérêt national » en 2018, est depuis peu au centre d’une vive polémique. En cause, la mauvaise gestion de la structure culturelle – connue notamment pour sa programmation dans les champs du design et de la mode – étrillée dans un rapport du ministère de la Culture courant mars, après qu’il a été saisi par la DRAC et le préfet de la région PACA. Pour cause, fin 2024, la Villa Noailles affichait un déficit de 4,2 millions d’euros (dont une dette fournisseurs en forte hausse sur les deux derniers exercices, augmentant de près de 700 000 € par an). L’audit effectué sur la gouvernance de l’établissement, à la demande du ministère de la Culture, pointe par ailleurs un grand nombre de dépenses démesurées effectuées par le directeur de l’institution, Jean-Pierre Blanc, tels des frais de représentation s’élevant à 1,2 million d’euros en 2023 (taxis, hôtels, thalasso…) et un salaire mensuel de 10 000 euros. En outre, le « faux centenaire » de la Villa Noailles, célébré en 2023, aurait également conduit à certaines dérives dans les postes alloués à la communication du centre d’art. La question de savoir pourquoi les subventions ont continué d’être perçues par la structure, malgré le fait que les comptes ont été présentés avec un an de retard, devra, elle aussi, être débattue. Mais pour l’heure, l’urgence est au remboursement de la dette. Pour ce faire, un vaste plan de restructuration a été annoncé, comprenant notamment la mise en place d’une entrée payante pour les visiteurs et la nomination d’un directeur général indépendant. Jusqu’ici subventionnée par l’État et les collectivités à hauteur d’environ 1,8 million par an, l’association pourrait muter en groupement d’intérêt public. Le directeur actuel devrait rester en poste, mais recentrer ses activités autour de la programmation de l’établissement. Tandis que le festival international de mode et de photographie de Hyères, qui se tient chaque année au mois d’octobre, ne devrait pas non plus être emporté dans la tempête.
Endettée, la Villa Noailles retoquée pour sa mauvaise gestion

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