Dans les Andes vénézuéliennes, à l'extérieur de la ville de Mérida, les fondateurs de Taller Morera, María Eugenia Dávila et Eduardo Portillo, redéfinissent l'art textile en associant des traditions lointaines et des ressources locales. Pour produire des tapisseries ou des objets, ils mélangent la soie et l'indigo à la laine des Andes, ainsi qu'à diverses fibres de palmier provenant de l'Amazonie et du bassin de l'Orénoque. Leur travail, qui comprend la collecte des fibres, la teinture et le tissage, met en lumière l'histoire et les écosystèmes vénézuéliens : les traditions vont de la vannerie indigène et du tissage de la laine à la production d'indigo aux XVIIIe et XIXe siècles, en passant par les tentatives de sériciculture (élevage des vers à soie, ndlr) du début du XXe siècle. Cette approche novatrice est un éclatant témoignage de résilience dans le contexte politique, économique et social alarmant du Venezuela (entre 2014 et 2021, le pays a subi une chute de son PIB de 80 %, dont il se redresse lentement depuis quatre ans, mais avec une exacerbation des écarts entre les plus riches et les plus précaires, tandis que Nicolás Maduro entame son troisième mandat présidentiel, ndlr), et un quotidien marqué par des pénuries d'électricité et d'essence.
Transmission
Depuis plus de 40 ans, au sein de leur atelier situé dans la forêt tropicale des Andes, María Eugenia Dávila et Eduardo Portillo élèvent des vers (Bombyx du Mûrier), dont ils utilisent la soie pour fabriquer leurs textiles. Tous…