Le Quotidien de l'Art

Centre Pompidou : le casse-tête du déménagement

Centre Pompidou : le casse-tête du déménagement
Le déménagement de l’œuvre de Ben, Le magasin de Ben, 1958-1973.
© Adagp, Paris, 2025. Photo : © Nicolas Krief.

Tandis que les expositions « Paris noir » et « Suzanne Valadon » restent ouvertes pour quelques semaines (avant Wolfgang Tillmans cet été à la Bpi), les collections permanentes du Centre Pompidou ont fermé leurs portes au public le 11 mars dernier. Derrière les portes closes, un immense chantier a débuté. Récit.

Depuis le 12 mars, une fois fermés les deux étages des collections permanentes (les « N4 » et « N5 », dans le jargon) et le « dîner des Amis » débarrassé, le compte à rebours est lancé : le 31 décembre, le Centre Pompidou devra rendre les clés du bâtiment aux architectes chargés de sa rénovation. On s'enquiert du rétroplanning auprès d'une responsable : c'est en réalité un « macroplanning » de 40 pages qu'il a fallu concevoir. Les salles, qui comptent 1 500 œuvres, doivent être vidées fin septembre, dans cinq mois. D'ici là, la bibliothèque de recherche Kandinsky (« BK »), sur le même niveau (« N3 ») que le Cabinet des arts graphiques, doit aussi avoir fini ses cartons. Comme la Bpi, close depuis mars, la BK doit être relogée dans l'immeuble Lumière, situé Cour Saint-Émilion, à deux pas de la BnF Mitterrand. Au niveau -2, les collections d'architecture (pour les œuvres en deux dimensions) et de photographie sont quant à elles dans les starting-blocks. En tout, ce sont 120 000 œuvres (sur 150 000 que compte le musée national d'Art moderne), qui doivent quitter les lieux – 6 000 sont en prêt, selon un rythme annuel inchangé, malgré la charge supplémentaire du déménagement. Certaines sont gigantesques ou en plusieurs parties, beaucoup (notamment dessins et photographies) sont de format réduit, certaines très fragiles, d'autres photosensibles… À chacune ses exigences de conservation, qu'il faut aussi anticiper.

Ballet mécanique

D'une entité à l'autre, il faut dès maintenant régler le ballet vertical des monte-charges et celui, horizontal, des 1 500 semi-remorques réquisitionnés, dont on prévoit qu'ils envahissent le quartier alentour jusqu'au boulevard Sébastopol, à l'ouest. Sujet d'intenses tensions entre la direction du Centre Pompidou et les équipes, qui depuis deux ans disent souffrir d'un manque de préparation et de considération, le déménagement est en réalité double. Le gigantesque pôle francilien du Centre Pompidou, à Massy, dans l’Essonne, ne pouvant être livré avant fin 2026, les œuvres partent d'abord pour les réserves de Paris Nord, boulevard Ney (18e), où le Centre Pompidou loue déjà des espaces, auxquels doivent s'ajouter des réserves supplémentaires, comprenant stockage et ateliers de restauration répondant à des exigences spécifiques, notamment en matière climatique. Mais la surface disponible reste insuffisante : après avoir démarché d'autres institutions en quête de place (une tâche confiée aux chefs de service), le musée a dû se résoudre à louer d'autres locaux chez un transporteur. Une fois arrivées à Paris Nord, les œuvres sont pointées pièce par pièce, tandis qu'une « réserve transit » est prévue pour les nouvelles acquisitions, que les équipes de conservation doivent prendre le temps de connaître matériellement – cette année, une seule…

Centre Pompidou : le casse-tête du déménagement
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Article issu de l'édition N°3037