Le grèbe huppé a longtemps été chassé pour ses plumes d'un blanc éclatant, parfait pour rehausser manteaux, manchons et boas des élégantes de la seconde moitié du XIXe siècle. À Lausanne, on comptait alors trois fourreurs spécialisés. C'est bien cet oiseau piscivore attaché aux rives du lac Léman qui est hors cadre dans La Chasse aux grèbes, et qui vient d'être tiré par le chasseur tout de rouge vêtu, debout sur sa barque. Cette scène au caractère autant ethnographique qu'artistique a été peinte en 1864 par le pré-impressionniste François Bocion (1828-1890) et vient d'affoler les enchères à Bâle. Adjugé par Artcurial Beurret Bailly Widmer 270 250 francs suisses (287 776 euros), il s'agit d'un record mondial pour une œuvre de l’artiste lausannois en vente publique, emportée par un musée privé suisse après une bataille entre de nombreux enchérisseurs au téléphone. Une surprise lorsqu'on balaie les dernières adjudications qui restent proches des estimations – Préparatifs à la pêche à Grande-Rive de 1876 a été frappé en 2023 à 19 000 francs suisses pour une estimation à 18 000/30 000 –, mais une tendance et un phénomène qui se confirment dans la même vente. L'Arc-en-ciel (1873) – qui est un petit format de 20 x 31,8 cm contre 75 x 127 cm pour La Chasse aux grèbes – s'est envolé à 82 566 francs suisses pour une estimation à 8 000/12 000. Cette vacation s'est tenue le 2 avril, complétée par une session dédiée à l'art international avant 1900, et le 3 avril, une autre consacrée à une collection suisse. Les trois ventes ont totalisé plus de 5 millions de francs suisses (frais inclus), dont environ 2,7 millions pour la collection privée.
Le chiffre du jour
L'envol de François Bocion aux enchères

© Artcurial Beurret Bailly Widmer.