La Villette, veille de vernissage. Inès Geoffroy, chargée des expositions de l'établissement public, nous accueille dans la nouvelle édition de « 100 % L'EXPO », dont elle est responsable depuis cinq ans. La visite guidée est ponctuée d’échanges avec des artistes et des techniciens débriefant des derniers ajustements à faire sous l’immense halle. L'œil est attiré par une installation-sculpture de Matias Agafonovas, diplômé en 2024 de l’École des arts décoratifs - PSL, faite de matériaux récupérés lors de ses pérégrinations parisiennes. La grande messe des vagabonds a tapé dans l’œil des équipes de la galerie Mennour : Matias Agafonovas est l’un des lauréats du prix Mennour Émergence. À quelques mètres, Lou Le Forban présente un court-métrage nourri d’une esthétique vernaculaire où des personnages se meuvent en rythme, dansant à la manière de chamans. En guise d'écrin à la vidéo, de larges pans de tissus peints présentent des scènes évoquant à la fois les fresques pompéiennes et une esthétique médiévale-fantastique. Zoé Ladouce présente quant à elle l’installation Hunt-successful, une « tentative de capitalisation d’échecs d’appels à candidatures » : accrochés au mur, des pigeons portent autour du cou les demandes retenues, tandis qu’au sol s’amoncellent les refusées.
On pourrait aussi citer le travail de Corentin Darré, celui de Melissa Cascade, les très belles peintures de Claire Gitton, le radeau de Chada, les huiles d’Alexandre Yang ou encore l’installation et la série de tirages « Mes amis hétéros » de Maxime Vignaud, montrées dans une scénographie particulièrement aérée. Et pour cause : seuls 35 artistes sont présentés cette année, contre 50 lors de l’édition précédente. « On a dû réduire pour plusieurs raisons, commente Inès Geoffroy. Au départ, “100 % L'EXPO” présentait un très grand nombre d’artistes pour montrer l’émergence, le dynamisme de la jeunesse. J’ai préféré réduire leur nombre pour être en mesure de proposer à chacun un meilleur accompagnement dans la production et la scénographie. »
Une fenêtre vers la professionnalisation ?
« Pour moi, ça n’a pas été juste une exposition. Montrer une œuvre à “100 % L'EXPO” m’a appris plein de choses pour la suite de ma carrière, raconte Lyz Parayzo, qui y exposait en 2024. Comment adapter mon travail à une institution, travailler avec des équipes, notamment de scénographie ou de sécurité. » Exposée en 2023, Lou Fauroux abonde : « Travailler avec les équipes de “100 %” donne un bon exemple des étapes à suivre. Ici, l’assurance était carrée, le règlement aussi… C’est assez formateur à ce niveau-là. » Elle insiste sur le soutien, notamment logistique, qu’elle a reçu alors que l’exposition arrivait à un moment où elle traversait un drame familial. Et d’ajouter : « Cette exposition est celle dont les gens se souviennent le plus. Je pense que par ruissellement, elle m’a ouvert pas mal de portes. » Représentée par la galerie Exo Exo, l’artiste a bénéficié d'un solo show lors de la dernière édition d’Art Basel Paris.
Même son de cloche pour Silina Syan, dont le travail fut présenté en 2022, qui pointe également la diversité du public venant visiter l’exposition. Si certains artistes font part de frustrations, notamment concernant l'emplacement dans la Grande Halle, l'expérience est de manière générale positive. « Cela a été très formateur, annonce Omar Castillo Alfaro depuis la Villa Velasquez où il est en résidence. En plus des liens étroits avec les équipes techniques sur place, nous avons reçu des formations, notamment sur le statut d’artiste-auteur. Ça m’a pas mal aidé. »
Plus de transparence
Depuis qu'il est placé sous la houlette d’Inès Geoffroy, l’événement a connu quelques changements. « Quand j’ai pris mon poste, c’étaient les écoles d’art qui nous proposaient une sélection d’artistes, détaille-t-elle. J'ai trouvé important de changer ce fonctionnement : tous les artistes récemment diplômés d’écoles d’art peuvent candidater et cela de manière transparente. » Les candidatures sont désormais ouvertes à un plus grand nombre d’écoles d’art : « C’est vraiment le dernier bastion à faire tomber », relève Inès Geoffroy. Cette année, les artistes désignés par un jury sont issus de six écoles de Marseille, Nice, Cergy, Strasbourg et Paris.
L’appel à candidatures de la prochaine édition a été lancé le 10 avril, jour d’ouverture de l’exposition, avec une nouveauté : peut candidater toute personne diplômée d’un DNSEP (diplôme national supérieur d'expression plastique, ndlr) depuis cinq ans ou moins. Autre développement possible : Inès Geoffroy espère voir une deuxième édition de « 100 % L'EXPO » au sein de la foire ARCO, à Madrid, où des œuvres précédemment sélectionnées ont été montrées cette année.

Photo : Quentin Chevrier.

© Flo*Souad Benaddi.

Photo : Quentin Chevrier.

Photo : Quentin Chevrier.

© Sidonie Ronfard.

Photos ©️ Leho De Sosa. Studio portrait. Casa de Velázquez 2025.

© SAKI.

Photo : Quentin Chevrier.

Photo : Quentin Chevrier.

© Matias Agafonovas.

© Zoé Ladouce.

© Lou Le Forban.

© J. Lanes.

Photo : Marine Vazzoler.

Photo : Marine Vazzoler.